Au quotidien

Quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, il n’y a aucun moyen pour éviter la douleur de la perte d’un enfant.
Il faut la reconnaître pour pouvoir la traverser, si on veut un jour la voir s’apaiser. La voie vers l’apaisement est l’entrée consciente dans le travail de deuil.
Il faut laisser ses émotions s’exprimer, les reconnaître, les valider. Il faut apprendre, et ce n’est pas facile, à ne plus contrôler, pour toujours montrer « bonne figure », comme on nous l’a appris.
 
Valider son émotion, qu’elle soit positive ou négative, signifie accepter de ressentir ce qu’on ressent sans porter de jugement de valeur , dans ce temps troublé où la tristesse côtoie la colère, et la peine, la culpabilité.
Il n’y a rien de malsain à faire de la place à des émotions qu’on dit négatives ou violentes.
Il faut s’accrocher à l’idée qu’on va progresser, même si on stagne, essayer de donner corps à cette idée que dans quelques temps, un temps que je ne saurais quantifier, mes pensées seront différentes, elles auront évolué. Il faut s’occuper de soi, se ressourcer, reprendre des forces, prendre du repos pour éviter l’épuisement, s’alimenter correctement, dormir, même si pour un temps on a besoin de somnifères.
 
Se faire aider par un psychiatre, un médecin généraliste, psychothérapeute, vous permettra plus facilement d’accepter d’envisager l’inenvisageable, continuer à vivre sans votre enfant. Ces professionnels sont là pour vous aider à passer le cap.
Nulle notion de folie dans cette démarche, simplement la possibilité de surmonter plus rapidement cette souffrance insupportable.
 
Dans notre société actuelle où on cache la mort, où il est inconcevable qu’un enfant meure ( et pourtant il en meurt tant), il n’y a plus guère de place pour les rituels traditionnels, les partages, la compassion. La mort est devenue une chose presque honteuse et le parent qui perd un enfant semble devenir paria. Les groupes de partage, de parole où d’autres parents dans le même cas douloureux viennent, sont là pour pallier cette insuffisance.

Le papillon - Alphonse de Lamartine

Naître avec le printemps, mourir avec les roses,
Sur l’aile du zéphyr nager dans un ciel pur,
Balancer sur le sein des fleurs à peine écloses,
S’enivrer des parfums, de lumière et d’azur,
Secouant, jeune encore, la poudre de ses ailes,
S’envoler comme un souffle aux voûtes éternelles.
Voilà du papillon le destin enchanté !
Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose,
Et sans se satisfaire, effleurant toute chose,
Retourne enfin au ciel chercher la volupté !

Le matin viendra -

J’ai le cœur brisé.
Comment pourrais-je porter cette douleur ?
Tellement de projets, interrompus en permanence.
Tellement de rêves, brisés.
Les espoirs, anéantis.
Tout s’est écroulé.
Pourquoi ?
Pourquoi tout cela ?
Pourquoi nous ? Pourquoi moi ?
Sans aide. Sans espoir.
La vie ne sera plus jamais la même.
Vaut-elle encore la peine d’être vécue ?
Où es-tu, ô Dieu ?
 
Je suis là, juste à côté de toi, mon enfant.
Bien que tu ne sentes pas ma présence,
Je te tiens à l’ombre de mes ailes.
Je marcherai avec toi dans cette sombre nuit.
 
Ne t’empêches pas de pleurer,
Je t’ai donné les larmes pour soulager tes émotions.
Ne cherches pas à cacher ta douleur.
Qu’elle devienne pour toi source de guérison,
Un processus de restauration,
Car je l’ai prévu ainsi.
Ceux qui pleurent seront bénis.
Je compte sur toi
Même quand tu as l’impression de ne pas pouvoir compter sur moi.
 
Cherches ma face, ô mon enfant.
Reçois ma promesse, qui maintenant te paraît irréalisable :
Que la joie viendra le matin.
Cela pourra prendre beaucoup de temps,
Mais je guérirais ton cœur brisé.
Je sais, la nuit te paraît sans fin.
Mais le matin viendra.
Je l’ai promis.
 
Piquez donc un géranium dans votre chapeau et souriez, Barbara Johnson, Editions Maison de la bible

Je choisis de prendre du temps - Jacques Salomé

Je choisis de prendre du temps pour moi.
Sur le chemin de ma vie, je m’arrête quelques instants.
J’écoute.
J’écoute ce qui se combat,
             ce qui se vit en moi,
  mes émotions cachées,
  mes peur secrètes,
   mes désespoirs enflammés,
   mes désirs torrents,
    mes envies pleines,
  mes colères tempêtes,
Je laisse monter en moi tous ces possibles,
              Doux et fragiles,
  Violents et forts,
  Aimés ou maltraités,
Je les accepte et les reconnais.
J’écoute ce qu’ils ont à me dire,
  D’où ils viennent,
  A qui ils s’adressent.
Je m’accorde le temps nécessaire à cette écoute.
Peut-être un événement de mon passé ressurgira -t-il ?
Peut-être un lien se fera-t-il ?
Peut-être une rencontre prendra-t-elle tout son sens ?
Peut-être comprendrais-je comment je reproduis des situations semblables et parfois douloureuses ?
Peut-être vais-je découvrir une richesse nouvelle en moi camouflée derrière l’écran de mes peurs et de mes refus ?
Peut-être vais-je tout simplement apprendre à me mettre à l’écoute de moi.
Oui, je choisis de prendre du temps pour moi et je me rencontre.

La prière de Theilard de Chardin

CELUI QUI EST PARTI …
 
Ne le cherchez pas en arrière, ni ici, ni là, ni dans les vestiges matériels qui sont naturellement chers.
Il n’est plus là, il ne vous attend plus là.
C’est en avant qu’il faut le chercher, dans la construction de votre vie renouvelée…
Soyez lui fidèle là, et non point dans une sentimentalité rétrospective avec laquelle il faut avoir le courage de briser.
Sa véritable trace n’est pas dans certaines manifestations de son activité. Leur disparition même si douloureuse qu’elle puisse vous paraître, doit vous libérer, non vous déprimer.
Non pas oublier, mais chercher en avant.
Malgré tout ce que vous pouvez sentir ou croire, reconnaître avec évidence que votre vie doit se poursuivre.
Je suis persuadé qu’elle commence. Décidez vous seulement à ne plus vivre dans le passé, ce qui ne veut pas dire que vous oubliez celui-ci, mais seulement que votre manière – la vraie de lui être fidèle doit consister à construire en avant, c’est à dire digne de lui. Ne vous isolez donc pas. Ne vous repliez donc pas au fond de vous-même.
Mais voyez le plus possible vos amis.
Donnez-vous. C’est ce don qui vous libérera et vous épanouira.
Je voudrais que vous trouviez nombre de gens et de choses auxquels, noblement, vous donner.

Supplique à nos amis

Je vous en prie, ne me demandez pas si j’ai réussi à le surmonter,
Je ne le surmonterais jamais.
 
Je vous en prie, ne me dites pas qu’il est mieux là où il est maintenant,
Il n’est pas ici auprès de moi.
 
Je vous en prie, ne me dites pas qu’il ne souffre plus,
Je n’ai toujours pas accepté qu’il ait dû souffrir.
 
Je vous en prie, ne me dites pas que vous savez ce que je ressens,
A moins que vous aussi, vous ayez perdu un enfant.
 
Je vous en prie, ne me demandez pas de guérir,
Le deuil n’est pas une maladie dont on peut se débarrasser.
 
Je vous en prie, ne me dites pas « au moins vous l’avez eu pendant tel nombre d’années ».
Selon vous, à quel âge votre enfant devrait-il mourir ?
 
Je vous en prie, ne me dites pas que Dieu n’inflige pas plus que ce que l’homme peut supporter.
 
Dites moi simplement que vous êtes désolés.
Je vous en prie, dites moi simplement que vous vous souvenez de mon enfant, si vous vous en rappelez de lui.
 
Je vous en prie, laissez-moi simplement parler de mon enfant.
Je vous en prie, mentionnez le nom de mon enfant.
 
Je vous en prie, laissez moi simplement pleurer
 
Rita Moran
Dans le journal de Jonathan Pierre Vivantes
No 143 du 26 avril 2002

Supplique à notre famille

1 an, 2 ans, 5 ans, 10ans, 20 ans même nous séparent du départ de notre enfant et nous, parents en deuil, avons besoin des autres.
Bien que nous ne soyons pas faciles à vivre, nous aimerions rencontrer de la compréhension dans notre entourage ; nous avons besoin de soutien.
Voici, tirés de la lettre des Amis Compatissants du Québec, quelques uns de nos souhaits :
 
¨Nous aimerions que vous n’ayez pas de réserve à prononcer le nom de notre enfant mort, à nous parler de lui ; alors, ne détournez pas la conversation. Cela nous serait doux, cela nous ferait sentir sa mystérieuse présence.
 
¨Si nous sommes émus, que les larmes nous inondent le visage quand vous évoquez son souvenir, soyez sûr que ce n’est pas parce que vous nous avez blessé. C’est sa mort qui nous fait pleurer, il nous manque ! Merci à vous de nous avoir permis de pleurer, car, chaque fois, notre cœur guérit un peu plus.
 
¨Nous aimerions que vous n’essayiez pas d’oublier notre enfant, d’en effacer le souvenir chez vous en éliminant sa photo, ses dessins et autres cadeaux qu’il vous a faits. Pour nous se serait le faire mourir une seconde fois.
 
¨Etre parent en deuil n’est pas contagieux ; ne vous éloignez pas de nous.
 
¨Nous aimerions que vous sachiez que la perte d’un enfant est différente de toutes les autres pertes ; c’est la pire des tragédies. Ne la comparez pas à la perte d’un parent, d’un conjoint ou d’un  animal.
 
¨Ne comptez pas que dans un an nous serons guéris ; nous ne le saurons jamais, ni ex-mère, ni ex-père de notre enfants décédé, ni guéris. Nous apprendrons à survivre à sa mort et à revivre malgré ou avec son absence.
 
¨Nous aurons des hauts et des bas. Ne croyez pas trop vite que notre deuil est fini ou au contraire  que nous avons besoin de soins psychiatriques.
 
¨Ne nous proposez ni médicaments ni alcool ; ce ne sont que des béquilles temporaires. Le seul moyen de traverser un deuil, c’est de le vivre. Il faut accepter de souffrir avant de guérir.
 
¨Nous espérons que vous admettrez nos réactions physiques dans le deuil. Peut-être allons-nous prendre ou perdre un peu de poids, dormir comme une marmotte ou devenir insomniaques. Le deuil rend vulnérable, sujet aux maladies et aux accidents.
 
¨Sachez, aussi, que tout ce que nous faisons et que vous trouverez  un peu fou est tout à fait normal pendant un deuil ; la dépression, la colère, la culpabilité, la frustration, le désespoir et la remise en question des croyances et des valeurs fondamentales sont des étapes du deuil d’un enfant. Essayez de nous accepter dans l’état où nous sommes momentanément sans vous froisser.
 
¨Il est normal que la mort d’un enfant remette en question nos valeurs et nos croyances. Laisse-nous remettre notre religion en question et retrouver une nouvelle harmonie avec celle-ci sans nous culpabiliser.
 
¨Nous aimerions que vous compreniez que le deuil  transforme une personne. Nous ne serons plus celle ou celui que nous étions avant la mort de notre enfant et nous ne le serons plus jamais. Si vous attendez que nous redevenions comme avant vous serez toujours frustré. Nous devenons des personnes nouvelles avec de nouvelles valeurs, de nouveaux rêves, de nouvelles aspirations et de nouvelles croyances. Nous vous en prions, efforcez-vous de refaire connaissance avec nous ; peut-être nous apprécierez-vous de nouveau ?
 
¨Le jour anniversaire de la naissance de notre enfant et celui de son décès sont très difficiles à vivre pour nous, de même que les autres fêtes et les vacances. Nous aimerions qu’en ces occasions vous puissiez nous dire que vous pensez aussi à notre enfant. Quand nous sommes tranquilles et réservés, sachez que souvent nous pensons à lui ; alors, ne vous efforcez pas de nous divertir.      
Enfants Papillons - Deuil Périnatal
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